Versailles ne s’écrit pas avec un Z.

Si nul n’ignore les enjeux auxquels fait face notre pays, il appartient aux dirigeants politiques d’y répondre de façon pragmatique et raisonnée. « Gouverner c’est choisir » disait Pierre Mendès France. Or, si le roman national peut certes éveiller une douce mélancolie chez certains, il ne peut en aucun cas constituer un programme présidentiel. Force est de constater qu’Eric Zemmour, qu’il s’agisse de son analyse ou de ses solutions, ne semble pas très inspiré.

Pouvoir d’achat ? Immigration ! Ecologie ? Immigration ! Sécurité ? Immigration ! Au cœur de tous nos problèmes se trouverait donc l’étranger et la bourgeoisie mondialisée déconnectée. Malheureusement, à force de prétendre porter un projet civilisationnel, la droite souverainiste et conservatrice devient totalement aveugle au quotidien des Français.

Faire nation nécessite de la cohésion et du dialogue. Nous ne construirons pas la France de demain en choisissant à la place des Français leur prénom et leur religion, pas plus que nous n’éduquerons le citoyen de demain en réhabilitant Pétain, en répétant des âneries sur des prétendus lobby LGBT, en tenant des propos homophobes ou en faisant référence au docteur Mengele pour qualifier un ministre concernant une politique de bon sens et inclusive au sein de l’Education nationale.

Est-ce à dire que les enjeux sociaux, de sécurité ou démocratiques ne sont pas réels ? En tant que député, mon travail est de défendre les valeurs et les principes républicains à travers des mesures concrètes. Le combat contre l’islamisme politique est une évidence et nous n’avons pas attendu les débats actuels pour travailler sur la loi confortant le respect des principes de la République en prenant soin de ne pas exposer de manière arbitraire les musulmans de France.

Au lieu de remettre en question notre Etat de droit comme le fait ouvertement Eric Zemmour, nous devons le renforcer. Alors que ce dernier se plait à parler de « guerre civile », sans savoir s’il la dénonce, l’encourage ou l’espère, et alors qu’il assume pleinement vouloir rassembler autour des questions identitaires, il est plus que jamais nécessaire de porter un projet humaniste et progressiste, le projet d’une démocratie apaisée et de proximité au service de chacun.

Une démocratie du réel et du quotidien

Les lois de bioéthique hier, les états généraux de la justice aujourd’hui, un projet de loi sur la reconnaissance faciale demain : les conventions citoyennes et les plateformes numériques sont désormais des outils indispensables pour retisser le lien distendu entre le citoyen et ses représentants. Au plan national comme territorial, nous avons la volonté et la capacité de repenser notre cadre démocratique tout en clarifiant les missions des instances citoyennes et leurs relations avec les institutions représentatives traditionnelles.

Fabriquer du lien, du commun, par la démocratie locale et de proximité est une urgence vitale pour notre pays. Quand cette dynamique n’est pas encadrée sur le plan institutionnel, elle se fait alors au travers de l’agglomération d’intérêts variés qui trouvent périodiquement une cause commune pour justifier tous les débordements et toutes les radicalités : attiser les peurs, opposer les Français les uns aux autres, autrement dit, diviser dans la dialectique zemmourienne.

Aussi, associer les citoyens à cette démocratie apaisée et de terrain doit être une priorité pour la campagne présidentielle à venir. Cela ne peut se faire qu’en allant à la rencontre des Français, sur le terrain, sans distinction d’origine, de couleur de peau ou de religion. En cherchant depuis plusieurs mois à élargir le socle électoral de la majorité présidentielle, nous répondons aux attentes des Français : sortir des clivages politiques pour FAIRE et agir en proximité.

Versailles mérite mieux qu’une caricature

Depuis septembre, Eric Zemmour en est à sa troisième venue à Versailles. Entre rencontre privée, dédicace et réunion publique, le prochain candidat de l’extrême droite se plait à entretenir les anciens réseaux conservateurs de la Manif Pour Tous, de Sens Commun ou de l’UNI, mais également des relations avec des personnalités de droite, de Benjamin La Combe et François Xavier Bellamy pour Versailles à Jean-Frédéric Poisson et Laurence Trochu pour le reste des Yvelines.

Ainsi Eric Zemmour semble espérer voir la droite catholique et conservatrice le rallier à travers l’axe de l’immigration ou de la famille traditionnelle. La droite versaillaise doit désormais se poser les bonnes questions : souhaite-t-elle véritablement participer à un projet visant à se « battre contre les médias et l’Europe », c’est-à-dire à ce qui fait que nous vivons en paix et en démocratie ? La réalité est que le projet de Monsieur Zemmour est une impasse. Peut-on être autrement que sidéré pour le niveau d’insultes misogynes que ce monsieur consomme ? La France, c’est l’égalité et la fraternité, c’est aussi la liberté de vivre loin des donneurs de leçons toxiques.

Versailles et l’ensemble de notre territoire méritent des débats à la hauteur des enjeux. La responsabilité des décideurs locaux est de réconcilier les Français, non de les diviser. Les propositions populistes de l’extrême droite ou de la droite conservatrice et souverainiste visent à aller chercher les « invisibles », sur la base du ressentiment et de la fake news, mais désormais aussi un électorat de droite plus traditionnel en manque de repères et de leader crédibles.

Certains participent activement à cette dynamique délétère et je le regrette. Il est plus que jamais nécessaire de s’y opposer à Versailles et dans toute la France. Vous pouvez compter sur moi.