Bien que le taux d’activité des femmes a augmenté depuis 1975 pour converger vers celui des hommes, celui-ci stagne depuis 2010 avec un écart de 5 points. En effet, les travailleuses expérimentées (seniors) sont soumises à une part de temps partiel plus élevée et plus fréquente que les hommes. Elles sont également plus souvent victimes de discriminations dues aux préjugés sur l’obsolescence des compétences, notamment dans le domaine du numérique. En 2017, le taux d’emploi des femmes entre 55 et 64 ans était de seulement 53%.

Dans ce cadre, lundi 21 septembre 2021, j’ai eu l’honneur d’animer l’évènement sur l’emploi des seniors et plus particulièrement l’emploi des femmes expérimentées, en présence de Elisabeth Moreno, Ministre déléguée à l’égalité femmes-hommes, à la Diversité́ et à l’égalité des chances et des responsables associatifs, institutionnels, des élus, des citoyens engagés pour cette cause.

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Nos échanges ont été riches et nourris, des constats sans complaisance, des témoignages de femmes confrontées à cette situation d’exclusion, des regards d’experts, des propositions, des pistes de réflexion pour lever durable les freins au retour à l’emploi des femmes expérimentés et des travailleur seniors plus globalement.

Cet évènement fait également écho à la remise du rapport de mission à la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale dont je suis membre présenté le 15 septembre dernier. Dans une démarche volontairement engagée en faveur de la lutte contre les stéréotypes associés aux travailleurs les plus âges, les rapporteurs ont choisi de substituer systématiquement au terme de « senior » celui de « salarié expérimenté » ou de « travailleur expérimenté ». Il a le mérite de souligner que le savoir-faire, la maturité, la connaissance souvent fine de l’entreprise ou du métier constituent une précieuse valeur ajoutée, à condition d’être utilisés. Les questions de prévention et d’accompagnement, indispensables au bon maintien dans l’emploi des travailleurs expérimentés, doivent être pensées par les pouvoirs publics et les employeurs très en amont, et bien avant des âges prétendument fatidiques. Un travail de conscientisation est a engagé avec les entreprises en particulier les PME et TPE pour montrer le cout économique du non-emploi des seniors. Nous constatons une pénurie récurrente de mains d’œuvre dans certains secteurs d’activité et pourtant des solutions existes.  

Trois axes structurants à retenir du rapport parlementaire et 34 propositions opérationnelles :

1) Maintenir des salariés expérimentés dans l’emploi, qui doit se penser très « en amont » autour des enjeux de formation et de prévention

2) Renforcer le retour à l’emploi, en jouant à la fois sur un meilleur accompagnement et sur des incitations mieux calibrées

3) Améliorer le passage de la vie professionnelle à la retraite, en articulant mieux les dispositifs pour assurer des transitions adaptées aux contraintes de chacun.

Quelques mesures à retrouver dans le rapport :

1. Volet pédagogie :  

  • Proposition n° 1 : simplifier les étapes pour obtenir une validation des acquis de l’expérience. 
  • Proposition n° 2 : mieux accompagner les salariés les plus âgés et les entreprises qui s’engagent dans leur démarche de validation des acquis de l’expérience.  

2. Volet accompagnement :  

  • Proposition n° 5 : prioriser l’accès au conseil en évolution professionnelle pour les salariés de plus de 45 ans via le cahier des charges publié par le ministère du travail à destination des opérateurs du CEP. 
  • Proposition n° 6 : améliorer 
  • Proposition n° 9 : expérimenter, sur plusieurs territoires, un même programme d’accompagnement des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans par les agences locales de Pôle emploi, en synergie avec les bassins d’emploi. 
  • Proposition n° 10 : mieux faire connaître l’aide forfaitaire accordée aux employeurs qui embauchent un salarié de plus de 45 ans en contrat de professionnalisation. 
  • Proposition n° 11 : généraliser le compte professionnel de prévention aux fonctionnaires et salariés des régimes spéciaux.  

3. Volet cotisations :  

  • Proposition n° 31 : rendre à nouveau les cotisations issues du cumul emploi-retraite créatrices de droits, dans tous les régimes. 
  • Proposition n° 32 : renforcer l’information sur l’accès au cumul emploi- retraite. 

Cette rencontre s’est tenue dans le cadre d’une démarche inédite de mobilisation des citoyens et de la société́ civile : « Pour une cause ». Sur la plateforme pourunecause.fr, chacun peut déposer ou soutenir une cause qui lui tient à cœur. Depuis son lancement en avril dernier, on recense plus de 1 400 causes sur la plateforme et plus de 40 000 soutiens. Les équipes Pour une Cause accompagnent les porteurs de cause pour les aider à mobiliser et concrétiser leur cause. Cette démarche répond à une attente forte des citoyens de s’engager sur des sujets qui les concernent directement et vise à rapprocher la politique des citoyens.

Pour aller plus loin : https://lcp.fr/actualites/emploi-des-seniors-une-mission-d-information-souhaite-casser-les-stereotypes-80844