Il y a un an, je publiais une question écrite pour interpeller le secrétaire d’État chargé du numérique sur la reconnaissance faciale par l’intelligence artificielle. En juillet dernier, après plusieurs mois d’audition, j’ai donc présenté une note scientifique dont j’étais rapporteur sur les enjeux de la reconnaissance faciale par l’intelligence artificielle. Il s’agit clairement de réaffirmer avec force que la transparence et l’éthique guideront nos travaux sur la reconnaissance faciale. C’est pour cette raison que nous publions aujourd’hui une tribune dans Le Monde avec mon collègue euro député Stéphane Séjourné.

Un sujet qui fait débat dans la société
Les points de vue et prises de position sur les technologies de reconnaissance faciale sont nombreuses autant que diverses.

Le secrétaire d’État chargé du numérique, Cédric O, s’est prononcé récemment en faveur de l’expérimentation de la reconnaissance faciale pour poser les lignes rouges, encadrer certaines pratiques et permettre le bon développement des industriels. Il propose de créer en coordination avec la CNIL une instance de supervision et d’évaluation notamment pour faire contre-pouvoir. Il réaffirme le besoin de la tenue d’un débat citoyen sur la question avec les députés et les élus locaux. En outre, la Commission européenne également a réaffirmé son engagement dans sa feuille de route des cent premiers jours de travail pour une intelligence artificielle européenne éthique et pour une Europe adaptée à l’ère du numérique. La reconnaissance faciale par l’IA est un des cas envisagé dans la feuille de route en raison de sa dimension opérationnelle et concrète. La demande de régulation et de débat émane également des industriels (Microsoft, Amazon ou encore Google) pour assurer que la technologie soit utilisée de façon maitrisée et développée de manière éthique.

Ces différentes prises de position s’expliquent facilement : le sujet fait vite polémique en raison des dérives sécuritaires qu’il inspire. Minority report, Big Brother ont dépeint des sociétés où ces technologies, sans limites ni contre-pouvoir, sont exercées par l’État. La Chine s’essaie d’ailleurs à utiliser les technologies pour mettre en place un contrôle social encore plus avancé. Ces peurs, fantasmes, alimentés par différentes œuvres littéraires et cinématographiques et le cas concret de la Chine poussent les détracteurs à tirer la sonnette d’alarme comme le faitla Quadrature du net.L’Europe, le partenaire de confiance

Début octobre 2019, je me suis rendu à Bruxelles pour rencontrer la Commission européenne (DG Connect, DG des droits humains), et des eurodéputés : Stéphane Séjourné, Eva Kaili et Andrus Ansip. Construire une expérimentation saine et solide de la reconnaissance faciale en encourageant notamment le développement d’un écosystème académique, industriel et de régulation adaptée, permettrait à la France d’être un acteur majeur en Europe en la matière.

Tribune Le Monde 25/10/2019

La France tente donc d’émerger comme point de référence. Avec mon collègue Stéphane Séjourné, euro député chef de file des élus Renaissance européenne au Parlement européen, il nous a semblé nécessaire de revenir sur les enjeux que pose la reconnaissance faciale ; nous devons construire un cadre qui assurera notre souveraineté industrielle dans le respect des libertés publiques. [Le Monde]

Des engagements pour demain

  • Il nous faut faire naître les conditions d’un grand débat citoyen et pédagogique pour éclairer et mesurer les perceptions des Français en fonction des différents cas d’usage de la reconnaissance faciale. Une large consultation publique pourrait par exemple être menée par la direction interministérielle de la transformation publiqueA noter que ce type de démarches d’expérimentation est largement soutenu par le Conseil d’Etat comme il a pu l’exprimer dans son rapport du 3 octobre 2019.
  • L’enjeu de la souveraineté technologique de la France est souvent mis en avant. Cependant, plus encore que cela, il s’agit d’encadrer les expérimentations pour qu’elles se déroulent à l’image de nos valeurs éthiques et démocratiques.

Il me semble nécessaire, afin de répondre aux doutes exprimés face à cette technologie et ses usages, et pour assurer une impartialité dans les débats et les orientations, de créer un comité d’éthique de la reconnaissance faciale. Cette idée de comité a également été soutenue par Cédric O, secrétaire d’Etat chargé du numérique.

Pour aller plus loin

Note scientifique de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) :

Articles dans la presse :

Articles sur mon site Internet :