Retrouvez ma tribune parue dans l’Opinion du 25 juin 2018.
Quelle fausse bonne idée que de s’attaquer aux aides sociales alors que nous nous mobilisons pour un droit réel à l’émancipation ! Quand le sujet des aides aux plus démunis, des aides à une meilleure insertion sociale arrive par Bercy, il est totalement inaudible et taxé d’avoir une vision court-termiste d’économies.
Si nous nous attaquons à redonner de l’agilité à notre économie, à nos entreprises ; si nous investissons 15 milliards dans les compétences et dessinons un nouveau modèle éducatif plus inclusif et plus ouvert sur la réalité du monde ; si nous instaurons le principe d’un bonus-malus sur les cotisations patronales pour encadrer l’usage abusif des contrats courts et encourageons la mobilité choisie avec l’ouverture vers l’universalité de l’assurance chômage pour les démissionnaires sous certaines conditions ; si nous ouvrons la possibilité de bénéficier des contrats d’apprentissage jusqu’à 30 ans et encourageons la formation dans les structures de l’insertion par l’activité économique ; si nous créons les conditions pour améliorer la protection sociale des salariés travaillant pour des plateformes numériques ; c’est justement parce que nous visons un modèle de société où l’émancipation par l’emploi est central. Une société où nous voulons accompagner chacune et chacun vers le travail, vers la liberté de pouvoir choisir son avenir professionnel. Est-ce suffisant ? Non, assurément. La lutte contre la précarité constitue un deuxième axe indispensable qui ne peut être isolé du premier. C’est là toute la pragmatique du « en même temps ».
Retrouvez ma question au gouvernement sur la politique de la ville et l’inclusion socio – économique :
Dans les quartiers politique de la ville (QPV), qui regroupent souvent la majorité des 9 millions des Français les plus pauvres, le chômage y est 2,5 fois plus élevé qu’ailleurs. Nous avons fait le choix pour ces quartiers de sanctuariser le budget politique de la ville qui s’élève à 490 millions d’euros et de doubler le budget de l’ANRU à hauteur de 10 milliards d’euros. C’est également sur ces quartiers que nous lançons prioritairement les emplois francs et le dédoublement des classes de CP et de CE1 pour donner toute ses chances à l’éducation. Ce sont les premières briques d’une politique d’émancipation et de dignité : une politique de lutte contre les discriminations structurelles et d’inclusion socio-économique.
D’après les chiffres publiés par l’INSEE, notre politique de redistribution fonctionne. Elle permet de diviser par deux le rapport entre les 20% de la population les plus aisés et les 20% les plus modestes. Ces simples chiffres montrent que le modèle social français redistribue des revenus de façon importante. Sans ce système de redistribution, plus d’un Français sur cinq se retrouverait sous le seuil de pauvreté.
Devant la souffrance exprimée par certains jeunes et par les familles pauvres, osons faire le constat que nous avons dépassé le seuil de tolérance ; et qu’il est nécessaire de re-politiser le discours sur la jeunesse et sur la pauvreté. Nous sommes face à une « révolution sourde » qui peut exploser à tout moment. Mais faut-il pour autant continuer à empiler les dispositifs d’accompagnement ?
Nous faisons l’hypothèse que des solutions existent, qu’elles sont nombreuses et diverses, mais trop souvent inefficaces car dispersées, non coordonnées et, de fait, illisibles pour le public et les acteurs concernés. Il n’est pas question « d’aides sociales qui se déverseraient mal » comme certains ont pu les qualifier ces derniers jours, mais de la recherche de solutions pilotées et encadrées par des acteurs qui seraient sélectionnés par un ministère à créer en charge de l’inclusion socio-économique à la stratégie affirmée.
Nous devons militer pour trouver un pilotage politique, un espace entre le ministère de la Cohésion des territoires et le ministère des Solidarités : une politique nationale, avec des objectifs et des lignes directrices clairs et perçus de l’ensemble des citoyens, permettant d’organiser la péréquation des moyens, coordonnée au niveau régional sous l’autorité du préfet pour mailler les territoires au plus fin, et déclinée localement au niveau des communautés de communes – ou agglomérations – plus à même de connaitre les besoins de leurs publics respectifs. Les députés ont à cet égard un rôle essentiel à jouer de facilitateur et de tiers de confiance au niveau de la circonscription. Ces trois niveaux doivent s’inscrire dans un projet politique affirmé en faveur de l’insertion socio-économique et de la lutte contre la précarité.
Une politique qui dessine la République humaniste : Fraternité, Egalité, Liberté.
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