Nous le savons tous, et depuis longtemps : la formation, qu’elle soit initiale ou tout au long de la vie, est un enjeu clé. Un enjeu global qui touche à la vitalité de notre économie, mais aussi plus fondamentalement à la cohésion de notre société, et donc à l’assise de la République.

La formation, et c’est est encore plus vrai pour la formation tout au long de la vie, constitue le levier – ou le verrou lorsqu’elle est défaillante – qui permet de passer d’une société de statuts à une société de l’émancipation. Je ne parle pas seulement de mobilité professionnelle, comme s’il fallait être à tout prix mobile. Mais bien d’émancipation, et donc de liberté réelle.

C’est là le cœur du projet de société que porte le Président de la République, le Gouvernement et la majorité parlementaire. Comment inventer une société de l’émancipation ? Qu’a dit le Président de la République à Montpellier le 13 juin 2018 ? Qu’il nous fallait enfin, pour de bon, « s’attaquer vraiment aux inégalités », et « s’attaquer à leurs racines, c’est réinventer notre État-providence », « Un Etat providence de la dignité et de l’émancipation », et donc nécessairement réinventer la formation, et la formation tout au long de la vie qui devient un enjeu déterminant.

Pourquoi ? Parce que nous sommes dans une société de la connaissance, où le besoin en compétences évolue rapidement. Nous savons que les principaux métiers qui recrutent le plus aujourd’hui n’existaient pas il y a seulement 10 ans.

Nous devons donc :

  • Investir massivement dans la formation et les compétences ;
  • Donner à chacun la liberté de choisir et la capacité de construire son parcours professionnel, tout au long de la vie ;
  • Protéger les plus vulnérables contre le manque ou l’obsolescence rapide des compétences.

C’est tout le sens du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) dans le quel nous investissons 15 Md€. C’est également dans ce cadre que s’inscrit projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel qui va profondément réformer la formation.

Nous voulons :

  • libérer l’innovation pédagogique ;
  • encourager les formations innovantes, et prioritairement celle qui intègre les potentialités du numérique ;
  • et simplifier la formation en situation de travail, ce qui est capital.

Cette révolution passe aussi par l’adaptation aux usages et en particulier ceux venant du numérique. Je pense à l’application mobile du CPF (Compte Personnel de Formation). Les droits acquis sur le CPF seront payés en euros. C’est concret, avec 500 euros rajoutés sur le CPF chaque année, 800 euros pour les moins qualifiés. Les travailleurs à mi-temps bénéficieront du même abondement annuel que les temps pleins. Nous corrigeons ici l’injustice du temps partiel subi. L’appli CPF, c’est avoir dans sa poche – dans son smartphone – l’ensemble de la capacité à se former toujours disponible !

L’application mobile, c’est bien. Mais il ne s’agit pas pour autant de dire que le numérique peut se passer du conseil humain. Est prévu la possibilité de disposer d’un conseil gratuit en évolution professionnelle.

Elle exige enfin une gouvernance réformée et efficace avec l’agence nationale France compétences qui remplacera les trois instances de gouvernance actuelle.

Après un an de mandat, je dirais que le pouvoir du député réside autant, si ce n’est plus, dans sa capacité à faire le lien au niveau local que dans ses fonctions de Législateur. Un député peut et doit jouer un rôle à la fois d’autorité politique morale, qui a le pouvoir de réunir les acteurs, et de tiers de confiance, qui permet aux acteurs de mieux travailler ensemble. C’est le rôle du Comité de circonscription économique et social qui réunit l’ensemble, au sens large, des acteurs socio-économiques, de l’Université à la CCI, en passant par Pôle emploi, les missions locales, le MEDEF, la CPME etc. Quand on parle d’orientation et d’évolution professionnelle nous savons que de nombreux acteurs peuvent agir et collaborer.

Mais plus que cela, et c’est une conviction qui naît de cette première année de mandat, le député doit faire comprendre à l’Etat, qu’il ne doit jamais oublier la méthodologie, les procès, qui fait quoi concrètement sur le terrain, de faire en sorte qu’on n’oublie pas dans la boucle un acteur essentiel – par exemple l’entreprise dont on parle beaucoup mais souvent absente du pilotage des dispositifs locaux en matière d’emploi, de formation ou d’insertion.

Il est temps d’expérimenter et de lancer le changement systémique de nos pratiques en matière de formation.