Faire le pari de l’innovation de rupture pour accompagner et faire grandir de futurs géants européens du numérique​

Le Forum International de la Cybersécurité (FIC), qui se déroule le 23 et 24 janvier 2018 à Lille, est l’occasion pour moi de faire un point sur la place de la France et de l’Europe dans la course stratégique au développement du numérique sous toutes ses formes. Que nous parlions des modifications des usages quotidiens en matière de protection des données et des nouveaux modèles économiques pour nos entreprises, nous voyons à quel point notre futur personnel et professionnel est dépendant des évolutions du secteur numérique. Comment faire des entreprises cyber françaises et européennes des fers de lance de cette révolution ? Comment les transformer en « licornes » afin qu’elles puissent atteindre la puissance stratégique des GAFA américains (Google, Apple, Facebook, Amazon)? Comment mieux protéger nos concitoyens face aux fake news ou plus globalement aux agressions cyber ?Des enjeux stratégiques capitaux pour notre pays

Que ce soit en rapport avec les questions d’intelligence artificielle, de cyber sécurité ou de big data, il n’est plus possible pour la France, seule, d’affronter la puissance des entreprises américaines (GAFA) ou la puissance des investissements chinois qui s’élèvent à 13 milliards d’euros annuellement. L’Europe est la clé, aussi bien pour aider à financer ces entreprises qu’à créer une législation favorable. Les enjeux sont capitaux. Les informations circulant dans le cyberespace, lieu d’expression sans frontières, ont rendu les Etats vulnérables. Posséder l’information et la protéger (cybersécurité), qu’elle soit qualitative ou quantitative (Big data) est le nouvel or noir des économies mondiale, et la garantie du maintien de la démocratie.

Florence Parly, ministre des Armées au Forum International de la Cyber sécurité (FIC) – 23 janvier 2018

« C’est à l’Europe de définir le cadre de régulation pour ne pas subir de fait la loi du plus fort qui s’importe »

Malgré un discours libre-échangiste, les politiques publiques américaines sont en réalité protectionnistes. Le Buy American Act, le Small business Act sont autant d’exemples qui peuvent l’illustrer. A fortiori, la Chine l’est également. Le non-respect des normes européennes (surtout au niveau fiscal) corrélé à l’extra-territorialité du droit américain, rendent nécessaire une attitude de fermeté de la part des institutions européennes. Que l’initiative de cette attitude provienne d’un couple franco-allemand plus fort ou d’une initiative collective, la responsabilité de la France et de faire tout ce qui est en son pouvoir pour permettre de sécuriser l’Europe, et de créer les meilleures conditions de développement des géants du numérique français, et européens.

À l’Assemblée nationale, créer une commission dédiée aux sujets scientifiques et techniques
Nous devons agir en tirant les enseignements de ce que nous avons déjà fait depuis 15 ans. Pour mener cette guerre économique, en tant que parlementaires, nous avons proposé dans le cadre du projet de transformation de l’Assemblée Nationale d’enfin disposer d’une Commission Sciences, Technologies et Numérique. En effet, Cédric Villani alors Président de l’OPECST (Office Parlementaire de l’Evaluation des sciences et Technologies – dont je suis également Vice Président) s’est très clairement exprimé pour transformer cet Office en Commission au même titre que celle des lois ou des finances. Nous ne pouvons plus ignorer l’impact des sujets scientifiques (IA, bioéthique, cyberdéfense, économie de l’attention…) sur nos lois et notre monde socio-économique.

Améliorer l’efficacité et l’agilité de nos start-ups
Ces évolutions démontrent que le financement de nos startups et de notre écosystème de PME/ETI du numérique n’a pas donné les résultats escomptés. L’ensemble du gouvernement au travers du Grand Plan d’Investissement (CPI) est mobilisé. Le Président de la République, lors de son discours de la Sorbonne sur l’Europe a appelé de ses vœux la création d’une agence pour l’innovation de rupture, sur le modèle de la DARPA. Il faut initier une action à partir du socle pragmatique qu’est le couple franco-allemand pour que l’Europe agisse vite, sans exclure les autres pays. De ce constat partagé entre la communauté scientifique et des grands acteurs du secteur est né l’initiative J.E.D.I. (Joint European Disruptive Initiative). JEDI se veut un outil de financement des technologies de rupture agile, radicalement différent qui se met au service de tous les acteurs de l’innovation. JEDI c’est aussi une méthode unique qui se concentre sur des défis stratégiques, une agilité maximale pour décider rapidement et s’autoriser toute la liberté nécessaire pour innover.

Créer des limites réfléchies et pondérées au droit de la concurrence, favoriser l’investissement des entreprises innovantes, créer une véritable agence européenne de cyber sécurité et permettre une législation adaptée et proportionnée au niveau européen sur la question du numérique et de la cyber sécurité est de la responsabilité de la France.